Vanessa Angeloglou, dirigeante de l'agence Trapèze

Paris, janvier 2020

En acquérant de nouveaux locaux pour son agence de design graphique, Vanessa Angeloglou, dirigeante de Trapèze, a pu laisser libre cours à son goût pour le design. Nous l’avons rencontrée en plein cœur du 10ème arrondissement parisien, pour parler de ce projet, de ce qu’elle appelle « la Créativité Concrète » et des nouvelles façons de travailler qu’elle cherche à instaurer au sein de son agence.

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Vanessa Angeloglou, j’ai 39 ans, je suis maman d’un petit garçon qui s’appelle Pablo, et je dirige Trapèze, une agence indépendante de design graphique.

Quand avez-vous démarré cette aventure Trapèze ?

Je me suis associée au fondateur historique de Trapèze il y a 10 ans. Progressivement, il m’a passé le flambeau et je suis seule à bord depuis 2015.

Et avant Trapèze quel parcours avez-vous eu ?

J’ai fait des études en marketing et en commerce puis j’ai fait mes premiers pas dans une grande agence de design graphique parisienne, aux postes de chef de projet puis directrice de clientèle. Assez vite, j’ai eu envie de tenter une aventure plus entrepreneuriale et l’opportunité avec Trapèze s’est présentée au bon moment.

Trapèze c’est quoi ?

Trapèze, c’est une agence de design graphique, et plus spécifiquement une agence de création, spécialisée dans les réflexions branding, packaging et shopper. Cela veut dire que l’on crée et développe des expériences marques qui vont prendre vie dans la réalité du consommateur. Plus concrètement, notre métier consiste à créer des identités visuelles, des gammes packaging et aussi ce qu’on appelle des activations de marque, c’est-à-dire des supports comme relais de communication sur les points de vente et en digital, qui sont liés à un temps fort, une thématique spécifique, une période type fêtes de fin d’année, etc… Nous accompagnons les marques sur la création de ces supports graphiques, mais le cas échéant nous pouvons aussi les aider sur leur contenu de marque : les accroches, le positionnement, ou les histoires à raconter. Aujourd’hui on parle beaucoup d’expérience marque, or celle-ci démarre de plus en plus tôt, et finit de plus en plus tard. Notre mission est donc d’aller cibler tous ces points de contact avec le consommateur.

Justement, vous travaillez avec quels types de marques ?

Trapèze, c’est une petite structure mais qui travaille avec des grandes marques !


Nous sommes spécialisés dans ce qu’on appelle le mass-market, donc tout ce qui est produits de grande consommation, alimentaires et non-alimentaires. En gros, c’est tout ce que vous allez trouver dans une grande et moyenne surface. Nos clients aujourd’hui c’est par exemple, le groupe Danone, aussi bien toute la partie eaux que le frais, ou Jacobs Douwe Egberts, premier groupe mondial de café, ou encore Essity, un grand groupe dans le secteur hygiène-beauté …

Trapèze, c’est combien de personnes ?

Trapèze est une agence à taille humaine, de proximité. Nous sommes 10 Trapézistes - on s’appelle comme ça entre nous ! L’équipe comprend des créatifs, des chefs de projet et une office manager. Quant à moi, je pilote l’équipe projet et créative ; je joue le rôle de directrice de création et conseil.

Comment vous différenciez-vous de vos concurrents ?

L’approche de Trapèze a toujours été basée autour de ce qu’on appelle « la Créativité Concrète », on a toujours revendiqué ça. Cela veut dire que pour nous c’est important d’être proche de la réalité du terrain. On a toujours pensé nos projets de façon très opérationnelle, très pragmatique. C’est très bien de faire du beau mais il faut aussi faire de l’utile et il faut qu’il y ait du sens dans la création. La finalité c’est qu’il faut que nos créations prennent vie dans la réalité d’un vrai consommateur. Je sais qu’il y a beaucoup d’agences qui revendiquent de ne faire que du beau et qui ne veulent pas se laisser influencer par les desideratas des clients, par les contraintes plus quotidiennes… Mais chez Trapèze on fait en sorte de se faire plaisir en proposant de nouvelles idées créatives, mais pour autant on ne perd jamais de vue les exigences du client et la réalité terrain. Il faut toujours que nos propositions allient l’utile et l’efficace au design. C’est très important.

Parlez-nous de ces bureaux…

J’affectionne tout particulièrement le 10ème arrondissement. Nous avons eu des bureaux rue de Paradis, puis nous sommes allés rue du Faubourg Poissonnière et maintenant nous voici rue Gabriel Laumain. Je tenais absolument à ce qu’on reste dans ce quartier ! Pour moi c’est un rêve qui se réalise car cette rue est l’une des plus charmantes du quartier. Elle est très petite, elle doit faire 12 numéros en tout et c’était donc assez inespéré de pouvoir y trouver de quoi s’y installer. J’ai cherché à acheter pendant plusieurs années, le marché étant tendu, je ne trouvais rien et un beau jour cette opportunité s’est présentée, c’était dingue ! Le projet s’est concrétisé il y a un an et demi et nous avons emménagé fin juin 2019.

Vous avez eu à faire des travaux ?

Je m’étais toujours dit que le jour où j’achèterai je casserai tout pour tout refaire car j’adore la déco - je suis très sensible au design, le design au sens large. Mais en fait j’ai eu beaucoup de chance dans le sens où des travaux avaient déjà été faits, par l’ancien propriétaire, avec beaucoup de goût et simplicité, tout ce que j’aime !

Comment avez-vous procédé pour la décoration ?

J’ai fait toute la décoration d’intérieure avec ma sœur. On l’a faite ensemble, car nous sommes toutes les deux passionnées de déco. On a baigné dans le design par le biais de nos parents. Ça a commencé quand j’étais très jeune. A l’âge de 14 ans mon père m’offrait un fauteuil Diamond de H. Bertoia ! Sur le moment j’étais dépitée et ma mère m’a dit « un jour tu comprendras ». Et aujourd’hui cette chaise est encore dans mon salon !


Je m’étais toujours dit que si un jour j’achetais mes propres bureaux je me ferais plaisir et donc c’est ce que j’ai fait ! On a changé tout notre ancien mobilier, même les petites cuillères !

Et USM c’est arrivé comment dans le projet ?

Justement, ce qui est intéressant c’est qu’on a démarré avec les rangements USM. Ça a vraiment été notre point de départ. On voulait du mobilier USM et après tout s’est articulé autour de ça. Je trouve qu’en termes de rangements de bureaux – et je sais qu’USM va également très bien chez soi, pour la maison – c’est ce qu’il y a de mieux. C’est robuste, c’est design, j’adore son ultra simplicité, j’adore ses lignes, le rendu visuel. Je savais en plus que ce serait un investissement qui durerait toute une vie.


J’ai toujours vu des meubles USM dans les bureaux de mon père, chez des clients, dans votre showroom du 7ème quand je passais devant… donc cette envie était toujours présente et je me disais que quand j’aurai mon propre projet ce serait mon tour, donc là c’est vraiment un aboutissement !


Au démarrage il y a donc eu le choix des meubles USM, mais bon, après il a fallu choisir leurs couleurs, et là j’y ai passé des nuits ! Car j’ai un vrai problème quand il s’agit de choisir ! J’ai hésité mille ans entre le jaune, le vert, le bleu…

Donc USM a donné le ton, et comment avez-vous fait pour tout le reste ?

J’adore le mobilier vintage du 20ème siècle et je n’avais aucun doute sur l’harmonie qu’il pourrait y avoir entre USM et des pièces vintage. Donc j’ai chiné tout le reste sur Internet ou via des contacts, des galeristes que je connaissais, le Bon Coin... Chaque meuble et objet vient d’une personne différente, c’est du vrai chinage ! Je me suis par exemple retrouvée à Orléans pour acheter mon bureau Action de G. Nelson. Ça m’a pris beaucoup de temps, en recherches Internet, à aller sur des foires, des brocantes, voir des galeries…

Vous aviez déjà en tête des pièces que vous vouliez absolument avoir ?

Oui tout à fait, heureusement d’ailleurs. Mais au départ, une fois les meubles USM choisis, le plus dur ça a été de trouver les bureaux pour toute l’équipe qui s’accorderaient parfaitement. Et je suis très contente du résultat : des bureaux de Richard Lampert, avec des structures tubulaires similaires à USM. Je trouve que ça fonctionne très bien ensemble. Une fois les rangements et les bureaux trouvés, je me suis attaquée au reste.


La table de réunion par exemple. Je savais que je voulais une table en marbre et après il a fallu chercher, voir, trouver les spécialistes. J’ai fini par trouver LA personne spécialisée dans les plateaux en marbre, qui les achète en salle des ventes, les réhabilite, les cristallise etc… Donc c’est en y passant beaucoup de temps que j’ai réussi à trouver toutes les pièces manquantes.

Est-ce que là c’est terminé ou vous avez encore des choses à ajouter ?

Là, objectivement, c’est quasiment terminé. On a finalisé avec les luminaires. J’adore les lampes sans compter que la lumière est également très importante pour bien travailler. Auparavant on avait des néons affreux et donc dans tout l’open-space on a mis des petites lampes V. Panton qui ponctuent et qui donnent la petite touche finale, avec les sous-mains. Ça apporte des notes pastel qui réchauffent un peu l’ambiance et qu’on n’a pas l’habitude de voir dans un environnement de bureau. On se moque souvent de moi et de mes multiples luminaires !

Vous êtes fière du résultat ?

Ce qui me plaît c’est qu’on a réussi à créer différents lieux dans ces bureaux. Les membres de l’équipe peuvent passer d’un lieu à l’autre : s’installer dans la niche de la bibliothèque USM, faire une réunion dans la cuisine, descendre dans l’espace de pause faire un babyfoot…


On a également plein de petits tabourets dans l’open-space, donc chacun peut en prendre un, se mettre au bureau d’un autre… On n’est pas obligés de ne faire des réunions que dans la salle de réunion. On fait beaucoup de points informels, c’est très lié à notre métier, et c’est ce qui permet aussi de nourrir la créativité. De ne pas être tout le temps dans les mêmes endroits, c’était un peu ça le challenge avec les nouveaux bureaux.


J’ai vraiment cherché à rythmer les temps de travail. On sait tous que la façon de travailler évolue et en temps de grève on comprend d’autant plus qu’il faut assouplir le système !

Et pour finir, quel est l’aspect qui vous plaît le plus dans votre activité ?

Il y a beaucoup de choses qui me plaisent mais s’il y a une chose aujourd’hui qui me passionne, c’est la création même si ma formation initiale n’est pas dans la création graphique. Aujourd’hui, je me suis forgée un œil qui me permet de comprendre ce que les clients veulent et ce n’est pas parce qu’on ne travaille pas sur les logiciels qu’on ne peut pas avoir de jugement créatif. Donc aujourd’hui, là où je prends beaucoup de plaisir, c’est quand je peux co-construire avec l’équipe, orienter, aiguiller, donner le cap. Aller trouver des nouveaux concepts et codes graphiques, qui répondent aux multiples contraintes qu’on connaît bien, et aux attentes de nos clients qui sont de plus en plus éco-responsables… c’est passionnant !


L’autre aspect important, c’est l’état d’esprit chez Trapèze : celui d’une petite équipe hyper solidaire, collaborative et très positive.


Mais ma plus grande satisfaction, c’est de savoir que mes Trapézistes sont heureux de venir travailler le matin : sans cela Trapèze n’aurait aucun sens !

Nous remercions chaleureusement Vanessa Angeloglou pour son accueil et nos échanges passionnants. Vous pouvez suivre l'agence Trapèze sur le compte Instagram @trapezedesign.


Photographies : Alexandre Moulard